INTRODUCTION : Marc Olivier Strauss Kahn rappelle que l’Euro a 20 ans; concernant 11 pays en 1999; il en concerne 19 pays en 2019; avec d’abord la Grèce, puis les 3 pays baltes, Malte, Chypre, la Slovénie et la Slovaquie.

Soit une zone de 340 millions d’habitants et de 13 Trillions d’euros (au 3ème rang mondial).

Il y a 4 promesses tenues et 4 freins à desserrer :

4 promesses tenues par l’euro :

1/Faciliter les échanges intra-européens

2/ Atténuer les chocs de change

3/ Minimiser l’inflation

4/ Promouvoir la confiance et donc la croissance

4 freins à desserrer :

1/ Compléter l’Union Financière

2/ Avancer dans la voie budgétaire

3/ Réduire les écarts structurels (et le chômage)

4/ Répondre à l’appel à plus d’Europe

Promesse 1 : faciliter les échanges. L’Euro aide à comparer les prix et à rendre l’économie plus compétitive. L’Euro élimine les risques de change, c’est un outil de simplification. De 1999 à 2009, le commerce intra européen augmente de 3.5%; c’est 65% en 1999 et 68.5% en 2009.

Puis crise entre 2009 et 2015. Reprise de 2016 à 2019 mais avec élection de Trump et crise du BREXIT.

Promesse 2 : atténuer les chocs de change

Le Taux de Change Effectif Nominal (TCEN) a varié de plus de 35% depuis 1999 face au $, mais comme plus des deux tiers du commerce se fait entre pays de la Zone Euro, cela réduit fortement l’impact du change entre les 19 pays concernés.

Promesse 3 : minimiser l’inflation; elle passe de 4.9%/5.1% à 1.4%/1.7% soit une division par trois ! La France devait coller au mark donc augmenter ces taux d’intérêts, mais depuis l’introduction de l’euro cet écart est largement diminué.

Promesse 4 : promouvoir la confiance

Une monnaie n’a de valeur que grâce à la confiance. Contrairement à ce que l’on croit la confiance en l’Euro a augmenté depuis 1999. L’Euro représente 36% des paiements internationaux !

Freins 1 et 2 : La politique monétaire est totalement intégrée, mais du côté budgétaire, cela devrait être encadré, mais cela ne l’est pas concrètement.

Si il y avait plus de coordination, il y aurait moins d’impact négatif.

Passons à la vision plus critique de la Zone Euro d’Henri Sterdyniak des Economistes Atterrés.

La Zone Euro a t’elle un avenir ? L’Europe est elle une chimère ?

L’Europe est un bâtiment en construction mais dont on ne sait pas quel est le plan. Certains penchent vers le fédéralisme et disent que cela ira mieux quand on aura PLUS d’EUROPE !

D’autres sont partisans de l’EUROPE DES NATIONS (Souverainistes) et dénoncent une idéologie fédérale, libérale et technocratique. C’est pour eux l’Europe des réformes structurelles et des baisses des dépenses publiques, ainsi que celle des baisses d’impôt. C’est une BUREAUCRATIE qui contrôle tout et de plus en plus.

C’est une REDUCTION de la DEMOCRATIE et une marche forcée vers le libéralisme avec des gouvernements démagogiques qui n’ont plus le pouvoir budgétaire.

Il y aurait alors 8 péchés originels de l’Europe :

1/ La monnaie unique a été décidée pour des raisons politiques, il n’y avait pas de logique économique.

2/Quand on a une Monnaie Unique, il faut un règlement : déficit ou pas ?

3/ Pour qu’elle marche, il faut qu’elle soit entièrement fiable, chaque pays doit la soutenir, il ne faut pas de risque de faillite.

4/ les 19 pays sont dans des situations économiques trop différentes

5/ les 19 pays n’ont pas convergé les uns vers les autres.

6/ Pas de solidarité prévue entre les 19 membres.

7/ le taux de change est trop élevé pour les pays du SUD et trop bas pour ceux du NORD.

8/ Enfin les règles stupides et non justifiées économiquement de déficit < à 3% du PIB et de dette publique < à 60% du PIB ont été imposées par la BUREAUCRATIE.

Deux doctrines et deux visions de l’Europe s’opposent : les keynésiens contre les libéraux.

De 1999 à 2007, le déséquilibre croît entre Europe du NORD et du SUD

De 2008 à 2015, la croissance est négative et on assiste à la désindustrialisation de la Grèce, du Portugal, de l’Espagne, de l’Italie et de la France. Ce sont les perdants !

Les gagnants sont l’Autriche, l’Allemagne, la Belgique, les Pays Bas, la Suède, la Finlande, le Royaume Uni et le Danemark. Soit l’Europe du Nord !

Pour les Taux d’intérêt : Allemagne à 0.05; Pays Bas à 0.25 et France à 0.48 sont les gagnants. A l’inverse Italie à 2.55; Portugal à 1.35 et Espagne à 1.2 sont les perdants.

Il n’ y a pas de réponse forte à la crise financière et à la crise écologique.

Après cette table ronde très tendue entre deux intervenants totalement opposés, le mot de la fin revient à Marc Olivier Strauss Kahn :

La Zone Euro ne doit pas être financée directement par des Etats, on voit ce que cela donne au Venezuela et au Zimbabwe, il faut faire confiance au MES (Mécanisme Européen de Stabilité) et ne prêter de l’argent qu’en dernier ressort.

L’Italie est en grave crise mais c’est de leur faute, ils n’ont pas su organiser de réformes, contrairement à l’Espagne ou à la Grèce.

On ne connait pas le plan final de l’Europe, d’accord, mais nous ne sommes pas des devins, les choses évoluent et il faut que la Zone Euro s’adapte à ces évolutions.