http://www.somme14-18.com/circuit-du-souvenir-lieux-memoire/chemin-memoire-australien-centre-sir-john-monash

Le centre Sir John Monash

Comme tous les 25 avril, se déroulait au Mémorial Australien de Villers-Bretonneux (Somme) la cérémonie de l’Anzac (Australian and New Zealand Army Corps) Day. Cérémonie du centenaire en premier lieu mais aussi temps d’inauguration du centre d’interprétation Sir John Monash, du nom du brillant officier australien commandant, à la fin du conflit, le corps australien fort de ces cinq divisions. Les premiers à en franchir les portes furent les premiers ministres australien et français, Malcolm Turnbull et Edouard Philippe. Après deux ans de travaux et près de 60 millions d’euros investis par l’Australie, il est désormais ouvert au public.
D’ordinaire, le visiteur du Mémorial pouvait trouver sa visite aride ; certes, il pouvait parcourir les allées de la nécropole, monter au sommet de la tour pour profiter du panorama mais il faut bien avouer que, le moment de recueillement passé, l’expérience tournait court. Depuis la dernière semaine d’avril, et l’ouverture de Sir John Monash Center, il est possible d’y passer deux heures des plus enrichissantes. Deux préalables : s’inscrire sur le site du centre car l’idée est de réguler le nombre de visiteurs afin de permettre à ceux-ci d’en profiter en toute quiétude et télécharger l’application gratuite. Oui, une application car l’ensemble de la visite nécessite un smartphone ou une tablette ainsi que des écouteurs pour parcourir cimetière et musée en toute autonomie.

Dès que vous pénétrez dans le cimetière, l’appli vous signale des espaces vers lesquels vous vous dirigez aisément à l’aide d’un pointeur signalant votre position et votre mouvement vous permettant ainsi de vous placer devant la stèle dont le commentaire vous est fourni à l’écrit et en audio. Vous poursuivez votre route au gré des zones signalées par l’appli. Tout fonctionne parfaitement, la wifi étant très efficace et l’application très simple d’utilisation.
Vient ensuite le centre en lui-même. Vous prenez sur la gauche du pavillon et vous parcourez un chemin ressemblant à s’y méprendre à une tranchée ; d’ailleurs, ponctuellement, vous percevez les bruits du champ de bataille. A l’entrée, le personnel vous demande si vous êtes équipés et si ça n’est pas le cas, vous fournit des iphones et des écouteurs pour poursuivre la visite. Petit bémol, équipés de matériel Samsung et Sony, nous n’avons pu faire fonctionner l’application dans le centre mais heureusement, nos amis australiens avaient tout prévu. Le visiteur comprend rapidement la somme investie : sans revenir sur les iphones, l’expérience se veut multimédia et les murs sont troués d’écrans relatant l’ensemble des relations entre l’Australie et la grande guerre. Tout y passe, de la carrière de John Monash, à la situation de l’Australie en passant par les différents fronts sur lesquels les Wallabys se sont illustrés : dans le Pacifique, à Gallipoli, à Damas, à Pozières, à Villers-Bretonneux bien entendu…

Rien n’est omis de l’expérience de guerre car de nombreux écrans reviennent sur le sort des blessés sur le front, la perception de la guerre dans le pays, le recrutement régional et enfin le difficile retour au pays pour des hommes qui ont vécu l’enfer mais perdu leur travail, retrouvé leur pays mais pour beaucoup perdu le sommeil ou pire. Quelques vitrines agrémentent l’ensemble d’uniformes, d’objets issus de l’artisanat de tranchée comme ce petit avion fabriqué avec une douille de Mauser ou encore ces bracelets d’identification non-officiels mais fabriqués par les hommes de peur de perdre leur collier d’identification.
Au final, ce qui est surprenant c’est que l’espace de visite n’est pas très grand mais qu’on y passe plus d’une heure trente sans s’en rendre compte. A noter, au cœur de la visite, le « clou » du spectacle : un film de moins de dix minutes au niveau sonore très élevé vous plongeant dans l’enfer des combats avec force images et bruits d’explosions, de rafales de mitrailleuses.