Dans le cadre des investissements d’avenir, le ministère de l’Éducation nationale s’engage dans la mise en œuvre d’un réseau professionnel des enseignants. Les maîtres d’œuvre du projets sont des organismes publics comme le CNDP et le CNED, mais aussi privés avec l’éditeur Belin. Partenaire de la Cliothèque
Une présentation détaillée des partenaires du projet sera faite lors de la présentation du document de synthèse. Ce dernier est à l’origine de la plate -forme du « Lib’ » qui supporte ses manuels numériques.
Les Clionautes ont participé ce 22 mars à une réunion de présentation du projet. La tutelle souhaitait entendre les points de vue de différentes associations d’enseignants investies dans le numérique. La partie invitante est la laboratoire de l’ENS Cachan, STEF. (Sciences Techniques Éducation Formation).

Ces préliminaires sont indispensables pour porter à la connaissance de nos lecteurs les attendus de ce projet.

Le but serait de développer un réseau spécifique destiné aux enseignants qui additionnerait les usages de Facebook et ceux de réseaux privés aux fonctions gratuites limitées comme Linkedin. En plus de ces fonctions, le réseau professionnel nous a été présenté comme devant permettre la mutualisation des ressources, la valorisation du partage d’informations, bref, des éléments qui font partie du marquage identitaire de notre association.

Sur ces questions nous avons clairement fait entendre notre point de vue en exprimant un certain nombre de souhaits.

La première question à laquelle nous avons souhaité répondre était la plus importante. Un réseau issu de l’institution serait-il forcément accepté par les enseignants ?

Nous serons évidemment très attentifs à ce qui relève de la visibilité et de ce que cela peut entrainer en terme d’évaluation, de la présence ou de la non présence numérique de tel ou tel personnel. Le réseau professionnel ainsi présenté n’est pas simplement destiné à être utilisé par les enseignants mais aussi par les chefs d’établissements et les inspecteurs. Les inquiétudes à propos de l’évaluation par ce moyen sont alors évidentes et ne manqueront pas de remonter.

Certes un réseau social professionnel, sécurisé En termes de garanties de respect de la vie privée, serait évidemment un outil, mais très vite lors des échanges la question de la participation des associations s’est posée. Et l’idée que celles-ci, évidemment constituées sur des bases disciplinaires y soient investies nous apparaît bonne.

Mais encore faut-il que l’institution procède à son aggiornamento.
Il serait par exemple envisageable que les sites académiques reprennent certaines de nos ressources et que tous nous participions à ce qui est la base d’un réseau, la synergie.

Le fonctionnement actuel est largement vertical, et cela va de la gouvernance des sites académiques disciplinaires comme des listes de diffusion qui y sont associées en passant par des espaces numériques de travail qui cumulent les défauts de choix régionaux différents et de gouvernances académiques centralisées. Le tout étant lié aux contraintes budgétaires que les collectivités territoriales opposent aux demandes de déploiements de réseaux hauts débits sans parler des fibres optiques.

Se pose alors la question des usages dans les classes.

Certes le réseau n’est pas destiné aux élèves, mais il suppose que l’interface existe avec les ENT qui eux le sont. Cela implique aussi que les usagers soient avertis de ce qui s’y trouve.

Une des questions qui n’est en général jamais posée est celle de la non utilisation des outils numériques quels qu’ils soient par une fraction non négligeable des usagers potentiels et cela n’est pas forcément un effet de génération. Cela concerne des listes de diffusions et des sites académiques et disciplinaires et des réseaux sociaux type Twitter et Facebook. Il existe une part non négligeable et pas forcément quantifiable de non-utilisateurs.

Certes l’audience des réseaux sociaux augmente mais les bilans sur leurs usages, une fois mises de côtés les auto-justifications par leurs promoteurs « Je twitte en classe c’est magique », le tweet devenant une fin en soi comme démarche pédagogique.» eux mêmes, sont loin d’être toujours concluants.

Les utilisateurs de ces différentes plates formes collaboratives, et la galaxie des Clionautes en est une, n’ont pas attendu que l’institution se déploie pour y trouver un intérêt.

Notre démarche serait plutôt de promouvoir des usages efficaces et pertinents dans un cadre disciplinaire en utilisant les technologies numériques comme vecteurs de nos enseignements.

Nous avons également défendu une visibilité dans le cadre de ce réseau des associations professionnelles d’enseignants qui, comme Sesamaths, l’APSES, et bien entendu les Clionautes sont producteurs de ressources. ce qui n’est pas le cas de ceux qui se limitent à une lisibilité en 140 caractères. Quelle place leur serait faite sur un tel réseau ?

Au final, attentifs, et à priori partie prenante de ces évolutions, nous réaffirmons notre ancrage disciplinaire, le véritable socle de la transmission et de l’acquisition des connaissances. Celui sans lequel rien n’est possible.

Bruno Modica