Que peut le citoyen pour le climat ?

Que doit le politique ? Et quelles responsabilités pour le scientifique ?

Ce sont les questions que Vincent GRIMAULT, journaliste à Alter économiques, pose à Hervé LE TREUT, climatologue.

V G : Dans un monde aux fortes contradictions entre écologistes, « croissantistes » et « Gilets jaunes », l’écologie est une question éminemment politique.

Vous êtes climatologue, associé au GIEC, Quelle responsabilité pour les scientifiques ? Qu’est-ce qui vous a fait sortir du labo ?

H LT rappelle la démarche scientifique sur le climat depuis les années 1970 et son expérience de travail sur les interface climat/citoyens mené notamment pour la Région Aquitaine : Qu’est-ce qui serait une culture climat ?

Beaucoup de travaux scientifiques existent mais ils sont peu utilisés d’où la démarche pour les montrer aux citoyens. Pour le chercheur montrer que son travail est utile est une démarche citoyenne.

V G : Est-ce que ce discours est mieux reçu aujourd’hui ?

H LT : Du point de vue citoyen oui, il y aune prise de conscience de la base car ce que les analyses montraient de façon ardue, aujourd’hui cela se voit. Mais on est en retard.

Retour sur le constat scientifique

à partir d’un graphique de l’évolution des GES de 1960 à 2018

Ce qui montre la rapidité du processus.

On est très loin de la résolution du problème puisque la demi-vie du CO2 dans l’atmosphère est de 100 ans. Notre système n’est pas résilient.

Au plan politique des reculs : Trump

Les solutions à trouver sont dans un cadre de fortes contraintes extérieures avec des possibles intérieurs.

On constate une progression parallèle des émissions de GES et des températures pour 20 ans. Il sera toujours temps de faire quelques choses mais c’est urgent. Voir le scénario GIEC 2011 et la marque rouge à 2 % et le rapport additif de 2019 : pour rester dans les +1,5 % il faudrait zéro émission en 2050 à l’échelle mondiale.

Quel doit être le rapport à la science ?

H LT : Le problème se pose aussi pour la biodiversité, les carburants non GES, les problèmes sociaux, politiques (oppositions entre États).

Le diagnostic ne peut être que pluridisciplinaire et prendre en compte les valeurs.

Questions :

Neutralité carbone, agro-carburants, stockage du carbone dans le sol :

Il faudrait stocker 2 milliards t/an, il existe des projets de puits de carbone, des solutions comme l’hydrogène, mais il faut de l’électricité. Aujourd’hui l’équation est difficile pour remplacer les énergies fossiles. Problème des énergies intermittentes (éolien, solaire), la vraie question c’est le nucléaire (rejet des populations, problème dans les pays non politiquement stables). Pas de solution unique

Fonctionnement du GIEC : l’implication des gouvernements était prévu pour aller vers un consensus, on ne peut pas parler d’autocensure.

Qu’est-ce qu’on fait ? La question est anxiogène mais il faut partir du fait qu’il faut recréer un monde. On est devenu un monde urbain et artificialisé, on doit essayer de faire vivre le monde au mieux. Ne pas paniquer, les exemples montrent qu’il y a des choses à faire (Projet Néoterra en Aquitaine). Beaucoup de choses existent localement. Repartir de là où on vit pour choisir des modes de vie adaptés bien au-delà des petits gestes. Faire avancer l’implication citoyenne.

Importance de l’aspect systémique à toutes les échelles (ex des trains intra-régionaux).

La Convention citoyenne a été limitée à 2030 alors que certains choix sont sur le long terme.

La sobriété ne peut pas se vendre comme une morale à imposer à certaines catégories sociales.

Très peu de solution à l’échelle mondiale, importance de la justice sociale, attention à des décisions non-démocratiques.

A une question sur le temps long et la durée des mandats électifs : C’est une bonne question