Table Ronde à 4 intervenants : Corine Maitte; Michel Pigenet; Romain Tiquet et Camille Fauroux

Cette Table Ronde concerne le  travail du textile du XVIe au XVIIIe siècle; les bûcherons et les dockers au XIXe et XXe siècle; le travail forcé en Afrique Noire : Sénégal et Burkina Faso; le travail volontaire des femmes françaises en Allemagne Nazie.

Qui sont ces travailleurs ? Quelles sont leur classe sociale ?

Corine Maitte , de l’Université Paris Est Marne la Vallée, précise que ce sont souvent des femmes comme les fileuses qui travaillent à domicile de classes sociales inférieures maintenues dans la pauvreté pour être industrieuses. Il y a une Division du Travail très forte car il faut 30 phases pour faire un drap. Les Artisans Verriers italiens eux peuvent être de classe sociale bien plus favorisés à l’autre extrémité de cette chaîne.

Michel Pigenet ,de l’Université Paris I Panthéon Sorbonne,va parler des bûcherons et des dockers, professions dures et masculines. Les Dockers en 1947 obtiennent le premier statut d’intermittent sans précarité après de grandes luttes sociales. C’est un monde la coopération et de l’entraide, marqué par le Syndicat CGT Dockers.

Alors que les bûcherons sont des ruraux marginaux qui exercent souvent plusieurs métiers.

Romain Tiquet chargé de recherche au CNRS analyse le travail forcé dans les colonies françaises d’Afrique Noire des années 1920 aux années 1960. Les travailleurs sont ici des sujets coloniaux indigènes, traités avec grand mépris par les colons dans le cadre de la « mission civilisatrice » des Occidentaux au Sénégal et au Burkina Faso, en Afrique Occidentale Française (AOF). Ils sont soumis à la corvée, un impôt en nature et sont considérés comme le disait Léopold Sédar Senghor comme des « tirailleurs la pelle « .

Enfin Camille Fauroux de l’Université de Toulouse abordera le cas des femmes françaises en 1941/44 volontaires pour travailler dans l’Allemagne Nazie. Ces 80.000 volontaires sont des jeunes femmes de classe populaire souvent de la région parisienne qui partent en Allemagne pour des raisons économiques et/ou pour se séparer de leurs familles. A partir de décembre 1942, elles ne peuvent plus rentrer en France et accouchent dans des maternités dans les camps de travail. Elles travaillent beaucoup pour Siemens à Berlin.

Quelles sont leur capacité d’action individuelle ?

Pour le Textile, peu de sources car majorité de travailleuses analphabètes et qui donc ne laissent pas de traces écrites. 3 actions possibles : s’en aller pour exercer un autre métier; voler de manière illicite les matières premières comme dans la Soie à Lyon et enfin travailler à sa convenance.

Pour les bûcherons et les dockers écrire des lettres aux employeurs et tenter de prendre une parcelle de pouvoir politique.

Pour les Sénégalais 3 Tactiques : fuir et déserter ; ou faire semblant de travailler, en étant lent et paresseux ce qui correspond au stéréotype du noir enfant et fainéant; enfin la pire : les automutilations à la hache ou par accident volontaire sur le rail de chemin de fer.

Pour les femmes en Allemagne Nazie, refuser de travailler mais la Gestapo vous arrête alors; travailler au noir dans la prostitution ou le marché noir ou enfin quitter le camp pour se marier à un allemand ou rejoindre un énorme camp de travailleuses, plus anonyme.

 

Quelles sont leur capacité d’action et d’organisation collective ?

De 1500 à 1789, conflits, on  en compte 460 , grèves ou rébellion ouverte. Souvent on oublie les conflits importants de la période moderne…

De 1789 à 1975, le syndicalisme entre en résistance et s’organise avec la CGT de 1895 à 1975.

En Afrique Noire, c’est l’échec total; il faut attendre la décolonisation en 1960 !

Enfin en Allemagne Nazie, de 1941 à 1944, les femmes réalisent de faux papiers et s’organisent de manière collective, mais elles sont totalement asservies aux nazis. Echec en Grande Partie de la Résistance Collective.

Conclusion :

Ce passé d’organisation des travailleurs et travailleuses jusque 1975 est remis en cause en 2021 par le travail à distance et le télé travail. Comment vont s’adapter les forces syndicales et politiques, déjà affaiblies et en crise ? Quelles seront les actions individuelles et collectives de demain ? D’autres Mai 1968 sont ils imaginables ?

Cette Table ronde dense et percutante mérite le détour, un moment de réflexion véritable sur les résistances au travail dans des cadres historiques bien différents, mais avec une vraie entente des 4 historiens. Bon moment de partage !

Marc DE VELDER votre Clionaute reporter à Blois.