S’interroger sur le stratège que fut Napoléon conduit à se demander ce qu’est la stratégie, notion qui se définit à son époque. La stratégie est l’art de maîtriser les paramètres les plus divers et leurs interactions dans le but de vaincre l’ennemi ; une pensée, une expression immatérielle qu’il s’agit de traduire dans une exposition dont l’affiche est très explicite, tout vient du cerveau d’un seul homme.
Incarner la stratégie de quelqu’un qui n’a jamais écrit de traité, consiste à matérialiser ce qui semble indispensable pour montrer le chef de guerre à l’œuvre : des cartes  et des documents qui portent la trace des réflexions du stratège, expliquer les enjeux et le déroulement des campagnes tout en analysant au cœur de l’action les plus célèbres batailles sans omettre leur portée politique, donner à voir, à comprendre la façon dont lui-même a pu concevoir et appliquer ses tactiques. Napoléon était-il un bon stratège ou un bon tacticien ?

L’exposition se déroule en deux temps : l’ascension et les victoires de l’Aigle décrites sur des cimaises vertes claires, puis un autre espace, sur des cimaises vert empire, relate le temps des difficultés et des revers qui conduit à la chute.

Le premier espace se concentre sur la formation de Bonaparte dans un contexte de fin de l’Ancien-Régime puis de période révolutionnaire. Les idéaux et les modèles de Bonaparte (Alexandre, Hannibal…) sont ceux d’un jeune officier du siècle des lumières avide de connaissances et de culture.

De Toulon au Caire, son ambition sans mesure et son génie militaire, le font endosser les responsabilités d’un officier, d’un général d’armée puis d’un chef d’État.

Une section montre sa volonté de contrôler la guerre comme en politique. Les grands principes militaires le poussent à une efficacité maximum mettant en avant l’extraordinaire capacité d’organisation de Napoléon (ici une cassette pour étudier les mouvements des troupes autrichiennes garnies de vignettes en cartons et la carte qui permet de prévoir les déplacements) et de son état major, et le non moins extraordinaire outil qu’est le fonctionnement de la Grande Armée. Dès sa première campagne militaire en Italie, le génie tactique de Bonaparte surprend. Il concentre ses troupes et leur rapidité d’exécution stupéfie l’ennemi. Il n’hésite pas à s’exposer en première ligne sur le pont d’Arcole tout en construisant sa légende, en témoigne le tableau de Gros.

 

Napoléon a mené une cinquantaine de batailles, plus que Alexandre, César et Joseph II réunis. Il est presque toujours victorieux. Il a pourtant été vaincu sur le champ de bataille et ses échecs lui incombent totalement car à partir de 1807, l’Empereur ne fait pas les bons choix, notamment celui d’envahir l’Espagne qui était pourtant parmi ses alliés. Le parcours de visite renverse ensuite la perspective. Napoléon n’est plus aussi jeune et vigoureux. Son armée et le commandement ont changé, composés de jeunes conscrits ou de plus anciens qui doutent. Les ennemis ont appris de leur défaite. Ce renversement de perspective met en relief les points faibles du dispositif français admirablement mis en exergue par une muséographie signifiante.

                

Des outils multimédias à la manière de »serious game », bienvenus pour les plus jeunes bénéficiant également d’un parcours dédié très ludique, sont spécialement conçus pour une approche immersive qui permet au visiteur de s’approprier des tactiques de la Grande armée.