Cette table ronde réunit Stéphane Benoist pour l’Antiquité, Giulano Milani pour le Moyen Age; Emmanuel Fureix pour le XIXème et Jérôme Bazin pour Budapest en 1956.

Stéphane Benoist, professeur à Lille, donne les exemples antiques de l’Egypte et de Rome.

En Egypte les figures d’Akhenaton et d’Hatchepsout ont été martelées.

A Rome, Caracalla fait effacer son frère Geta de la Porte des Argentiers en 204 et d’une image en 212, comme on le voit martelé à gauche ci-dessous.

En 217/218; Macrin est assassiné; il subit la DAMNATIO MEMORIAE, c’est à dire qu’on détruit toutes ces images et ses statues. (châtiment inventé par Auguste pour condamner un sénateur qui avait empoisonné Germanicus).

Pourquoi ? Les statues mutilées subissent le sort qu’on voulait faire subir au CORPS du coupable, c’est une punition symbolique.

Giulano Milani, professeur à Marne la Vallée, évoque l’iconoclasme au Moyen Age.

A la fin de l’Antiquité, c’est d’abord la VASTE CAMPAGNE DE DESTRUCTION DES DIEUX PAÏENS par les chrétiens.

Puis, le fameux iconoclasme des empereurs byzantins de 730 à 854. Ici Jean le Grammairien détruisant une image du Christ au IXème siècle, retrouvé dans un psautier.

Enfin au XIVème siècle on détruit aussi des portraits d’évêques.

Au Moyen Age, on efface le visage mais on laisse le CORPS, on peut aussi graver des croix sur le front. Au Palais des Doges de Venise on met un voile noir sur celui qui a été décapité pour ses crimes, le doge Marino Falier,  ci-dessous.

Emmanuel Fureix, professeur à Créteil, nous parle de l’iconoclasme de 1789 à 1890.

D’abord le vandalisme révolutionnaire de 1789 à 1799. Ici la violation des caveaux des Rois à Saint-Denis en octobre 1793.

Puis de 1815 à 1870, les iconoclasmes révolutionnaires et contre révolutionnaires, qui touchent les drapeaux tricolores ou blancs, les cocardes ou les figures des souverains.

Le 22/02 1816, sur la place du Martroi à Orléans, c’est un autodafé des emblèmes impériaux et révolutionnaires, voir image ci-dessous.

En 1871, la Commune décapite des statues de saints et exhume des reliques. Le 16/05 1871 c’est la destruction de la colonne Vendôme, à Paris.

Cet iconoclasme est codifié et rationnel. On ne détruit pas à l’aveugle et on choisit ses cibles politiques.

Enfin, Jérôme Bazin , professeur à Créteil,évoque la destruction des statues de Staline, à Budapest en octobre 1956.

La foule hongroise arrive de manière spontanée pour décapiter la statue. Elle échoue et doit trouver une autre stratégie pour abattre cette statue de Staline de 6 tonnes et de 8m50 de haut. Elle veut la faire exploser mais échoue à nouveau.

Une forme de découragement s’abat sur la foule. Et c’est alors une nouvelle idée…

Pour la faire tomber elle finit par brûler au chalumeau la statue au niveau des bottes.

Ce geste inventé déclenche l’euphorie et la foule chante : « Tiens bon petit Joseph !  » de manière ironique et festive.

Ces bottes isolées évoquent le proverbe « être à la botte de quelqu’un ».

En conclusion, on voit l’évolution de l’iconoclasme politique d’Akhenaton à Staline, en passant par le Moyen Age et le XIXème siècle. Les cibles et les méthodes changent, mais la destruction des images et statues a toujours été une FORME DE COMBAT POLITIQUE.