La publication des actes de ce colloque apparaîtra comme une très bonne nouvelle pour tous ceux qui ont quelques raisons de s’intéresser aux questions internationales en général et au Proche Orient en particulier.

Ces actes comprennent plusieurs contributions de qualité, directement utilisables par des enseignants d’histoire et de géographie du secondaire, mais aussi dans le cadre d’études supérieures et de préparations à divers concours. (IEP, Prépa-ENA, prépa-IRA etc.)

Nous citerons la contribution d’Alain Joyeux, professeur de géographie en classe préparatoire au lycée Joffre, sur la géopolitique du Liban qui revient sur les lignes de force qui traversent ce pays, à peine plus grand que le seul département de l’Hérault. Certes, et ce n’est pas une nouveauté, on reviendra sur la position écartelée entre Israël et la Syrie, mais on découvrira ici, dans une très limpide synthèse, comment le Liban, à l’instar de la position développée en son temps par George Corn, (le proche orient éclaté), comment le Liban s’inscrit dans une géopolitique plus large. Les lignes de force qui le traversent, en plus de la présence palestinienne, viennent de plus loin. On citera l’Iran s’appuyant sur la majorité chiite, toujours considérée comme minoritaire mais également l’axe occidental composé de la Turquie, de l’Egypte et de l’Arabie Saoudite. Le jeu de la Syrie est actuellement évolutif. Certes, la déstabilisation du Liban sert ses intérêts à court terme puisqu’elle empêche les recherches sur les commanditaires de l’assassinat de Rafic Hariri, l’ex-premier ministre, mais en même temps, le pays qui est en quête de respectabilité internationale s’engage sans doute vers une approche plus modérée de ses relations avec Israël.

Très éclairante aussi la contribution de Gérard Khoury qui présente lors de ce colloque le rôle de la France ans la formation du grand Liban en 1918 – 1920. Cette communication permet de combattre quelques idées reçues, notamment sur une France qui se serait littéralement faite gruger par les britanniques lors du dépeçage du Levant ottoman. On a souvent tendance en effet à considérer que les anglais ont pris les territoires riches en pétrole, comme l’Irak et la Transjordanie tandis que les français ont récupéré des régions moins richement dotées comme la Syrie et le Liban. C’est faire peu de cas des relations déjà anciennes de la France avec le Levant qui remontent à cette alliance e François Ier et de Soliman le Magnifique qui donne au Royaume un statut reconnu de puissance protectrice des chrétiens du Levant, mais également de l’intervention française dans les montagnes libanaises sous le second Empire.
Gérard Khoury revient en effet sur les conséquences des accords Sykes Picot qui promettaient la constitution d’un royaume arabe sans que ne se pose d’ailleurs son accessibilité à la mer.
Aux lendemain de la guerre, la présence massive des troupes britanniques, plus de 500000 hommes, la faiblesse des effectifs de la France, (2000/8000 soldats) va susciter de la part des anglais quelques tentations. Clémenceau va mener une politique de pression contre Lloyd George permettant à la France de disposer des parts allemandes de la British pétroleum devenue l’Irak petroleum Company en contre partie de la cession de Mossoul. De la même façon, Clémenceau cède assez facilement aux anglais sur la Palestine, malgré l’antériorité de la France comme protectrice des minorités chrétiennes.
Clémenceau avait très habilement négocié avec l’Emir Faysal les frontières du futur royame arabe et celles du grand Liban dans lequel la France aurait un statut privilégié. Clémenceau s’appuyait donc sur une reconnaissance de la majorité sunnite avec Faysal et des chrétiens du mont Liban, ce que l’on appelait alors la grande et la petite politique. Or, les milieux coloniaux sous la houlette de Robert de Caix vont au contraire privilégier la petite politique, celle des minorités confessionnelles, visant à diviser les territoires. Bien des litiges et des rancœurs datent de cette époque.

Parmi les autres communications de ce colloque on pourra également se référer à l’intervention du Général Estrate sur le montage des opérations de la Finul, et sur les applications concrètes sur le terrain des résolutions des résolutions onusiennes par le Général Pellegrini.
Deux témoignages sont également à citer, celui du colonel Challend de Cevins concernant l’action d’un bataillon a sein de la Finul et celui du contre-amiral Magne qui a commandé l’opération d’évacuation de ressortissant au Liban lors de l’intervention israélienne de l’été 2006. Le rôle de l’Eglise au Liban est également rappelé dans une intervention de Dominique Avon, sur l’action du Jésuite Louis Jalabert entre 1910 et 1940.

Pour ce qui concerne les classes de lycée, deux éléments sont tout à fait précieux. Une étude de cas sur le contexte de la crise libanaise de l’été 2006 à partir d’une carte et d’une chronologie et une très intéressante étude d’ensemble documentaire sur le droit d’ingérence. Ces éléments sont proposés par Christian Guitard.

http://pedagogie.ac-montpellier.fr/hist_geo/index.html