Dans une table ronde pleine d' »humour british », Michel Rapoport et Olivier Barrot, avec comme animateur Pascal Ory, nous ont présenté le « Divided Kingdom » d’après Brexit.

Première Question : le vote du Brexit vous a t’il étonné ?

Olivier Barrot dit que oui car la vision de Londres, cité cosmopolite, lui avait caché la réaction des villes en crise de province comme Birmingham, Liverpool et Manchester. Il y a eu un vrai rejet des Européens de l’Est : Bulgares, Polonais et Roumains. Le Royaume Uni aura eu une brève histoire européenne de 1973 à juin 2016. Pour les Britanniques, le Commonwealth et les liens transatlantiques sont plus importants que le continent européen.

Citation de Michel Simon dans Drôle de Drame : « A force d’écrire des choses horribles, elles finissent par arriver ». Le Brexit est arrivé et prendra place en mars 2019.

 

Michel Rapoport dit que non, il n’a pas été surpris. En effet, il faut remarquer 4 éléments politiques :

1/ Les divisions graves du Parti Conservateur entre David Cameron et Boris Johnson.

2/ l’attitude plus qu’ ambiguë du dirigeant du Parti Travailliste : Jeremy Corbyn.

3/ les campagnes et les petites villes favorables au Brexit même avec peu d’immigrés.

4/ une opinion publique anti-française et anti-allemande.

De plus il existe chez les Anglais une forte conscience de l’insularité et un très fort sentiment national, comme chez les Japonais. Le sentiment de « britishness » a été remplacé par celui de « englishness » ce qui provoque les votes écossais et irlandais en faveur du REMAIN.

Enfin les Anglais ont un attachement très fort à leurs institutions : la Reine comme le Parlement et donc désapprouve toute supranationalité venant du Parlement de Bruxelles.

Deuxième Question : Quelle est la position de l’Ecosse et de l’Irlande face au Brexit ?

L’Ecosse est francophile, protestante réformée et non anglicane et tout simplement écossaise. Elle est de gauche et attachée à l’Europe. Le SNP en profite pour réclamer l’indépendance.

 

Nicola Sturgeon, leader du Scottish National Party, SNP

L’Irlande du Nord est majoritairement catholique et en profite pour réclamer la réunification irlandaise et REFUSE le Retour d’une FRONTIERE entre les Deux Irlandes qui pourrait remettre en cause le processus de paix.

Troisième Question : qui est véritablement Boris Johnson ?

C’est typiquement un excentrique anglais. Il a une veste à plusieurs doublures et n’a choisi le Brexit que très tard ! C’est un « empêcheur de tourner en rond », un Trump aux petits pieds; et il a changé de camp quelques semaines avant le 23 juin 2016.

Quatrième Question : pourquoi ce basculement de l’opinion publique du Remain au Brexit ?

Les ouvriers travaillistes des régions en crise ont le sentiment d’être des « laissés pour compte », ils s’opposent aux intellectuels et à la direction du parti travailliste. Certains basculent vers le vote UKIP (Parti pour l’indépendance du Royaume Uni anti-européen et souverainiste).

Il y a une hantise des immigrés d’Europe de l’Est, des musulmans et du terrorisme, ce qui provoque une véritable xénophobie anti-islamique et anti-antillaise. Il y a des réactions de francophobie et de germanophobie, alimentées par les journaux populaires, les fameux tabloids, comme ici, The Sun qui montre les sympathies djihadistes de 20% des musulmans en Angleterre !

Conclusion : 

L’Angleterre d’après Brexit est un Royaume Désuni où Ecosse et Irlande cherchent à s’en aller; et où même tous les partis anglais sont divisés  et secoués. L’Ecosse votera t’elle l’indépendance ? L’Irlande pourra t’elle se réunifier ?

Nous risquons de tous y perdre, U.E. comme Royaume Uni, et Theresa May a une tâche titanesque et titanique devant elle !