Les modalités des 18 heures de formation continue à destination des professeurs des écoles pour l’année scolaire 2018-2019 viennent d’être exposées dans une circulaire récente émanant de la DGESCO.
Si l’on ne peut qu’approuver la mise en contexte qui vise à développer les compétences professionnelles en s’appuyant sur la recherche, la restriction aux seuls domaines du français (9 heures) et des mathématiques (9 heures) tant en cycle 2 qu’en cycle 3 ne manquera pas de nous alerter, géographes et historiens, sans oublier nos collègues de sciences, arts, éducation physique.
Certes, il ne semble question que de l’année à venir et il est vrai que le professeur des écoles officie dans le cadre d’une « polyvalence imparfaite », pour reprendre l’expression de Thierry Philippot et Gilles Baillat (2011)Thierry Philippot et Gilles Baillat, « Du « maître idéal » au maître ordinaire », Éducation et didactique [En ligne], 5.3 | 2011, mis en ligne le 30 décembre 2013, consulté le 09 avril 2018. URL : http://journals.openedition.org/educationdidactique/1145 ; DOI : 10.4000/educationdidactique.1145 , où le français et les mathématiques dominent les volumes horaires et les préoccupations quotidiennes. Toutefois, l’absence de considération des autres disciplines pose question et ne fera sans doute que renforcer ce déséquilibre avec les différents autres domaines à traiter déjà bien souvent passés sous silence.
De manière générale, cette démarche fragilisera le cycle 3 où l’élève fait réellement son entrée dans les disciplines, notamment depuis la récente refonte du cycle 3 qui intègre la 6ème. Certaines disciplines ont même été pensées dans une logique où la progressivité découle de ce qui est attendu en 6ème. Le cas de la géographie est emblématique puisque le thème « habiter » était présent au collège avant la refonte du programme du primaire et qu’il a servi de matrice à l’élaboration des thèmes de CM1 et CM2. Plus encore, ce thème de l’habiter, bien qu’en phase avec l’actualité épistémologique de la discipline, n’a globalement pas été compris par les enseignants du primaire et nécessiterait un réel accompagnement.
Une telle démarche ne fera-t-elle pas encore davantage le jeu de diverses catégories d’acteurs qui proposent déjà et continueront à le faire des réponses en adéquation avec les problèmes rencontrés dans les disciplines « secondaires » comme l’édition privée autour d’ouvrages et manuels ?
A l’heure où les débats font rage sur le baccalauréat et le volume horaire accordé aux disciplines, nous devons plus que jamais, enseignants des 1er et 2nd degrés, faire front pour préparer les élèves efficacement à la compréhension du monde qui les entoure et qui débute dès le primaire. La géographie, l’histoire, l’éducation morale et civique sont là aussi pour aider au développement des compétences langagières et mathématiques et soutenir l’ensemble des domaines du socle commun.