Avec Raphaëlle Botte, journaliste (3) ; Aurélie Boissière, cartographe (5) ; Jessie Magana, auteur (1) ; Christophe Meunier (2), professeur à l’ESPE ; animé par Laure Flavigny, éditrice (4).

Cette conférence-débat avait pour objet de s’appuyer sur la présentation d’un nouvel atlas paru chez Actes Sud Junior, présenté au FIG en avant-première, pour débattre de la question de supports mobilisables pour traiter de l’actualité chez le jeune lecteur.

La présentation s’engage sur la comparaison entre le journal et le livre.

Intervenant en premier, Raphaëlle Botte (rédactrice à « Mon Quotidien ») explique que, traditionnellement, c’est la formule de l’identification qui est retenue pour capter l’attention du jeune lecteur par les quotidiens jeunesse. Ceci posé, les enfants semblent moins crédules qu’avant et la formule peut avoir ses limites. Des situations exceptionnelles, comme les récents attentats de Paris, montrent qu’il faut parfois creuser plus en profondeur, d’où les 6 unes d’affilée sur le sujet et la convocation de psychologues, de spécialistes du terrorisme ayant bien volontiers répondu à l’appel et le besoin de compléter le propos sur Internet.

Auteur d’ouvrages jeunesse, Jessie Magana note que le livre offre un recul que la presse ne permet pas forcément. Dans l’ouvrage « Eux, c’est nous », paru chez Gallimard Jeunesse, le sujet est replacé dans un contexte historique, la prise de position est distanciée et la plume de Daniel Pennac permettait d’associer un grand nom à un problème important, celui des migrants.

Aurélie Boissière voit dans la carte un outil de contextualisation. Elle remplit une première fonction de situation simple mais également une seconde qui permet de montrer des répartitions, des déplacements, des concentrations…

Invité à revenir sur la question des attentats, Christophe Meunier précise que le site Eduscol propose des ressources pour traiter le sujet, notamment en renvoyant à « Mon Quotidien », mais qu’il conseille également, une fois les émotions extériorisées, de problématiser et de contextualiser.

La discussion se poursuit sur les atlas. Laure Flavigny les resitue dans l’offre éditoriale. Si l’édition jeunesse représente 15% du total de l’édition, le « documentaire » se voit précédé par la fiction et la petite enfance et, dans cette catégorie « documentaire », l’atlas est minoritaire derrière les livres d’activités et les livres d’art.

Christophe Meunier trouve que les fonctions de la carte, localisatrice et explicative notamment, sont en quelque sorte perdues dans les atlas, souvent stéréotypés dans leur façon de présenter les choses. C’est pour cela que l’atlas « Comment va le monde ? » apparaît différent de ce qui se fait habituellement.

Comportant 22 planisphères, pas toujours centrés sur l’Europe, l’ouvrage est thématisé et surtout problématisé. Il peut donc contribuer à déconstruire certaines représentations (par exemple, les lieux dangereux ne sont pas forcément des lieux de guerre, ils peuvent être ceux d’une haute criminalité).

Le choix a été également fait de ne presque pas mettre de légende pour tenter d’aller à l’essentiel grâce à un choix varié de pictogrammes.

Le format à l’allemande rend hommage aux planisphères.

Ici le texte apparaît en lien avec l’image, ce qui, encore une fois, est rarement fait dans les atlas.

La discussion s’engage avec le public qui souhaite connaître la tranche d’âge prévue. A partir de 9 ans d’après les concepteurs de l’atlas mais cela n’est qu’indicatif.

De plus, il est demandé si le choix d’une iconographie très suggestive n’est pas trop inductrice de représentations. Progressivement, l’apprentissage de la géographie se doit d’aller vers des images plus abstraites, plus conceptuelles, en lien avec les attendus scolaires mais l’atlas n’est qu’un outil, libre d’utilisation, et non un support purement scolaire.