Par Georges-Henry Laffont, ingénieur de recherches, Université de Tours, Dimitri Magnet, chargé de cours, Université Lyon 2.

Les deux universitaires recadrent immédiatement leur conférence : il s’agira d’évoquer cet « imaginaire géographique » chez deux cinéastes : le cultissime John Carpenter (par Dimitri Magnet) et l’étoile britannique actuelle, Christopher Nolan (par Georges-Henry Laffont).

Soyons clair d’entrée : pour moi, il n’y a pas eu de géographie (même d’imaginaire géographique voire de géographie imaginaire) mais une (très intéressante) conférence cinématographique sur les univers de ces 2 réalisateurs.

Dans Inception (2012) C. Nolan crée une géographie (essentiellement urbaine, mais pas que…) des rêves avec des strates (spatiales et temporelles). Dans cet univers géographico-onirique plus que les espaces, c’est la perception qu’on en a qui compte. GH Laffont présente 2 extraits, parmi lesquels celui où le héros, Leo Di Caprio, suit Ariane (Helen Page) au fil (hum hum !) d’une ballade dans un Paris qui se déforme et se déconstruit / reconstruit. Tout comme le géographe s’interroge sur les territoires et leur perception, C Nolan nous interroge non pas sur le traditionnel « est-ce un rêve ou la réalité ? » mais plutôt « où est la différence ? »

L’univers de John Carpenter est assez différent. D Magnet appuie son propos sur 2 films : Prince des ténèbres (Prince of Darkness – 1987) et L’antre de la folie (In the Mouth of Madness – 1995). Si la conférence était passionnante… j’ai bien du mal à trouver quelques onces de géographie à extraire. Là encore la perception rêve, réalité, fiction est un mécanisme de base de ces 2 films. Dans Prince des ténèbres, outre un rêve récurrent qui hante les protagonistes, on trouve une intéressante inversion géographique : l’église devient le territoire du diable. Dans L’antre de la folie, le basculement progressif du héros, John Trent (Sam Neil), vers une folie schizoïde l’amène à douter de son monde.

On le voit, en s’appuyant sur ces deux cinéastes, nos conférenciers ont poussé leur auditoire vers une réflexion, un peu géographique, sur réalité et imaginaire.