Il y a quelques jours, une première pétition dénonçait le projet envisagé par M. Moret, recteur de l’académie de Poitiers, de fermer une classe d’hypokhâgne et une classe de khâgne au lycée Camille Guérin de Poitiers :

http://www.petitions24.net/refus_de_la_suppression_des_cpge_litteraires_a_poitiers

Il s’avère désormais que cette intention est en fait le ballon d’essai d’un plus vaste programme menaçant également plusieurs prépas scientifiques à Camille Guérin à Poitiers (encore !) ainsi qu’à La Rochelle :

http://www.petitions24.net/contre_la_suppression_de_cpge_dans_lacademie_de_poitiers

Si ce schéma était appliqué, cela réduirait l’offre CPGE de l’académie de Poitiers de 20%, alors qu’elle est pourtant déjà mal desservie sur ce plan et que le profil de recrutement des étudiants concernés est massivement régional et fortement boursier. Elle deviendrait ainsi l’académie la plus déshéritée de France dans ce type de formations.

Ne pouvant alléguer d’une crise du recrutement, alors que le taux de remplissage de ces classes est tout à fait honorable, le recteur invoque la faiblesse de leur taux de réussite aux Grandes Écoles… ce qui est le cas de l’immense majorité des prépas hors du pré carré parisien ! D’autant qu’il néglige soigneusement de prendre en compte les performances tout à fait honorables obtenues pour les autres débouchés (notamment la BEL en ce qui concerne les littéraires).

Si elle se confirmait, cette croisade anti-CPGE, qui confine au démantèlement régional, témoigne clairement d’une volonté de remise en cause des « petites prépas » de proximité, filières qui offrent des perspectives méritocratiques aux étudiants de province n’ayant pas la capacité financière de s’éloigner de leurs foyers. En tout état de cause, elle porterait préjudice à la diversité de l’offre de formation sur place, complémentaire de celle existant à l’université, en lésant les choix d’orientation des étudiants ainsi rebutés, qui risquent de censurer leurs ambitions d’études ou de quitter la région. L’approche purement gestionnaire « au rendement » sur laquelle ces intentions rectorales sont fondées entre en discordance avec la logique du service public et l’égalité entre les territoires à l’échelle nationale qu’il suppose.

En généralisant ces critères, on pourrait du reste tout à fait envisager une Saint-Barthélemy de la plupart des CPGE. Après tout, pour remplir les ENS, les cadors de HIV, LLG, Lakanal et du Parc suffisent.

Dans ses élans redoublés de tendresse envers les CPGE, M. Moret fait-il cavalier seul, ou est-il le chevau-léger du ministère ?

Il n’est peut-être pas inutile de faire le lien avec un autre projet récemment évoqué concernant la suppression des bourses de préparation à l’agrégation, perspective contre laquelle les universitaires se sont fortement mobilisés de leur côté.

http://www.petitionpublique.fr/PeticaoVer.aspx?pi=P2014N46358

Un démenti a été publié depuis, mais dans cette période, il est difficile de ne pas penser à des ballons d’essai.