Professeur à l’université du Québec, Chantal Déry parle de l’état précaire de la didactique de la géographie au Québec, une discipline en « soins palliatifs » pour reprendre l’image de son collègue David Lefrançois. Tant dans les écrits que les acteurs ou les spécialités des diplômes, la géographie apparaît sous représentée face à l’histoire notamment.

Prenant appui sur le modèle de William (2012), évoquant les différents stades de développement d’une discipline, Chantal Déry situe ici la didactique de la géographie au stade naissant sauf peut-être sur la question de l’évaluation et des compétences davantage au stade intermédiaire.

A partir de 18 entretiens avec des acteurs variés (enseignants, conseillers pédagogiques, didacticiens, décideurs politiques…), la conférencière a constaté le peu de temps qui pouvait être accordé à la discipline (en lien avec la faible demande sociale), l’absence réelle de formation à la didactique de la géographie, le manque d’information sur ce qui se fait, le manque de collaboration entre ces différents acteurs.

Pourtant, la volonté de relancer la didactique de la discipline est perceptible. Parmi les pistes sont évoquées la possibilité d’augmenter le nombre d’heures, le changement des pratiques, l’amélioration de la formation, le développement des réseaux.

En comparaison, l’Ontario semble plus dynamique, les États-Unis mettent la main à la patte également pour combler « l’analphabétisme » de leurs élèves. Le Royaume-Uni apparaît plus en avance.

Finalement, beaucoup d’interlocuteurs ont des rôles secondaires mais personne n’a le rôle principal.

L’effet générationnel est également à pointer du doigt, le départ de Suzanne Laurin à la retraite est remarqué dans l’assistance par Caroline Leninger-Frézal. Nicole Tuttiaux-Guillon s’interroge également sur le décalage entre la reconnaissance institutionnelle de la didactique de la géographie et la reconnaissance sociale de cette discipline (qui perçoit l’intérêt, l’enjeu des recherches ?). Chantal Déry conclut en précisant que seule une université québécoise a ses cursus de didactique de la géographie dans un département de géographie alors qu’ailleurs, ces filières sont rattachées aux sciences de l’éducation.