L’atelier numérique présenté par nos deux collègues, Samuel Coulon, histoire-géographie (Paris) et David Roche, physique (Grenoble), repose sur l’interdisciplinarité : faire de la géographie en s’appuyant sur un travail préparé dans le cadre d’une nouvelle matière, à savoir l’ICN (Informatique et création numérique). Précisions que ce sont les mêmes élèves (de Première) qui effectuent l’ensemble des opérations, ou qui devraient le faire, puisqu’il s’agit d’un projet pour l’instant, mais un projet très stimulant.

Le travail est prévu pour se dérouler en trois temps. Le cadre de réflexion est d’abord posé au cours d’une heure de géographie ; les élèves réalisent ensuite un programme informatique pour traiter des données numériques (15 heures), et le résultat est analysé en géographie (1 heure).

Comme le demande le programme d’ICN, les élèves participent activement et concrètement au projet, puisqu’ils le suivent du début à la fin, de la réflexion sur le sujet au traitement graphique des données qu’ils ont collectées, tout en s’initiant à la programmation avec Javascript (et les bibliothèques adéquates). L’objectif est donc non seulement de produire de belles cartes (même si l’aspect esthétique compte beaucoup avec le plaisir qu’il a à faire un beau travail), mais aussi de manipuler soi-même un programmeDavid Roche a créé un site à l’intention de ses élèves, d’ICN et d’ISN, très bien fait, qui leur permet de s’initier à différents modes de programmation., de mesurer les enjeux soulevés par les données (les notions de « big data » et d’ « open data »), et enfin de s’interroger sur leur origine, leurs limites, leur traitement (quel type de production graphique adopter — ce qu’on appelle « datavisualisation ») et leur interprétation. Le projet peut paraître très ambitieux, surtout si l’on n’a jamais programmé soi-même, mais il contribue à développer chez les élèves un esprit véritablement critique : au-delà de leur propre travail, ils sont amenés à s’interroger sur les documents basés sur des données, tels que ceux qu’on leur propose habituellement dans les manuels ou ailleurs (presse, infographie…).

Le thème sur lequel porte le projet concerne le transport ferroviaire. Les données utilisées sont sélectionnées par l’enseignant (pour limiter le temps de recherche, qui risque d’être très important). Elles proviennent de la SNCF (durée moyenne des trajets sur les lignes TGV, et des transports avant la construction des lignes à grande vitesse) et de l’Union européenne (données Eurostat relatives au transport ferroviaire de passagers). Quelques résultats possibles peuvent être consultés en ligne : un cartogramme interactif sur la réduction de l’espace-temps induit par les liaisons TGV ; des cartes choroplèthes montrant, pays par pays, l’usage du chemin de fer (en millions de passagers par kilomètre) ; des objets cartographiques moins familiers, comme une carte à cases (interactive, elle aussi) ; et un graphique à bulles (dont la lecture est plus complexe). Je dis bien « quelques résultats », tant les possibilités offertes par Javascript et ses différentes bibliothèques (Leaflet, D3, etc.) sont importantes et variées : ne reste plus qu’à trouver la représentation la plus pertinente.