La publication d’un billet critique sur un blog personnel d’un acteur engagé dans le développement des usages numériques dans l’éducation nationale a suscité de nombreuses réactions. L’auteur du blog, victime sans doute de pressions de cette hiérarchie intermédiaire qui paralyse trop souvent la réflexion critique, même constructive, a fini supprimer son blog et son compte twitter.
Les Clionautes affichent ici clairement leur soutien à Ghislain Dominé. Présents sur le terrain, nous déplorons cette situation qui contraint des personnels passionnés à remettre en cause leur investissement. Cet étouffement de la pensée critique est lourd de conséquences.

Le modérateur de la liste de diffusion H-G Clionautes a signalé très rapidement, le 23 octobre à 22 h 59 – Bonsoir, Un point de vue intéressant…
lannoy29.wordpress.com/2014/10/23/de-lincertitude-2-0
Bonne lecture,
Laurent Gayme
Lycée Montesquieu, Le Mans–

par un message l’article « De l’incertitude 2.0 » du blog de @Lannoy29.
Le buzz à commencé à s’installer avec des messages de soutien à Ghislain Dominé sur Twitter, dès que la nouvelle de la suppression de l’article ainsi que de la fermeture du blog et de son compte Twitter ont été connus.

Je reprends ci-dessous la conclusion de ce blog, en rappelant simplement que ce qui est dit ici n’est pas très différent de ce que nous avons développé à propos du numérique lors des débats qui ont traversé l’association des Clionautes depuis au moins 2006.

Oui le numérique est un outil, dont il ne faut pas attendre de miracles, et la crispation sur l’innovation parée de toutes les vertus se révèle au moins aussi improductive que la crispation disciplinaire.

  • Tenir une voie médiane n’est pas facile, et dépasser le retweet frénétique non plus. C’est pourtant ce que nous proposons.
  • Il faut largement diffuser le texte qui a été retiré – dans des conditions qui restent à éclaircir – du blog qui a été fermé ainsi que le compte twitter de @lannoy29 .

Des actions sont à mener et il y a urgence. De fortes pressions s’exercent contre les acteurs du numérique éducatif, surtout lorsqu’ils sont investis dans des instances. C’est sans doute le cas ici. – Mais nous avons d’autres exemples, comme dans une autre académie, celle de Montpellier.

Il ne sera peut-être pas inutile que l’on rappelle dans de nouveaux messages, qui seront renvoyés aux instances de l’éducation nationale en charge du numérique, ce que nous avons écrit à ce propos dans de précédents articles.

Nous manifestons ici publiquement notre solidarité au collègue qui saura sans doute désormais où se trouvent ses véritables soutiens.

Cette prise de position vient compléter celle, publiée sur

http://www.vousnousils.fr/2014/10/24/programmes-dhistoire-geographie-les-professeurs-se-sentent-infantilises-555792

Lorsque je parlais d’infantilisation et d’absence de confiance de l’institution, j’évoquais la question de la mise en œuvre des programmes dans notre discipline.
Mais cela concerne aussi le numérique, la preuve.
Les Clionautes ont écrit « bien pire » à propos de cette fascination pour l’outil numérique et sur ses limites.

  • En voici un exemple parmi d’autres:
    • Et voici la reprise…

    Le phare illumine le lointain la nuit, mais est visible aux proches le jour #Lannoy29

    Comme quoi les censeurs ont toujours un train de retard… (Même s’il s’agit de susciter l’autocensure.)

    Avec le cache de la page qui a été sauvegardé.

    http://tinyurl.com/q3ltqrm

    • La conclusion du message initial est exemplaire, nous la reproduisons ci-dessous:

    Conclusion

    «Évitons donc deux pièges. Celui du fraîchement digital-converti qui évangélise en excluant et dénonçant toute pensée contradictoire (aussitôt taxée d’hérésie). Et celui du révisionniste qui réécrit l’histoire en rejetant les échecs de l’école sur le numérique (procédé commode qui évite de se poser les bonnes questions).
    Le numérique n’est qu’un ensemble d’outils. Sans doute au potentiel gigantesque. Mais rien de plus néanmoins que des outils. Plus que jamais, la pédagogie doit redevenir la priorité. Les arts de la transmission, du dialogue et de la construction intellectuelle sont peut être magnifiés par le numérique. Mais encore faut-il qu’ils soient vivants pour l’être. Et pour cela, il ne faut cesser d’encourager les enseignants à d’abord épouser leur rôle : celui d’accompagnateur et de conseiller afin d’aider l’élève à grandir. L’intendance numérique suivra.»

    Sur cette affaire, Voici l’article de Louise Tourret

    http://www.franceculture.fr/personne-louise-tourret.html sur Slate.http://m.slate.fr/story/93895/education-numerique-censure#1

    Cet épisode malheureux a suscité et suscitera encore de nombreuses réactions d’indignation. Beaucoup de ceux qui contestaient notre approche critique de la gestion du numérique dans l’institution semblent adopter désormais des positions très proches des nôtres. Témoin ce billet de blog que nous citons avec une certaine magnanimité tant son auteur a pu, par le passé, nous accabler de remarques peu amènes.

    http://www.ticeman.fr/lacaverne/?p=677

    Mais le plus pertinent des billets de blog, la plus indignée des réactions sur un réseau social ne changera rien si la communauté des historiens-géographes utilisateurs du numérique, ceux qui agissent au quotidien sur le terrain ne se mobilisent pas et ne développent pas les structures pour agir.

    Et pour ceux qui auraient encore des doutes sur l’intérêt de disposer d’une association disciplinaire indépendante et investie dans le numérique comme les Clionautes, cette affaire leur apporte sans doute un début de réponse.

    • Notre soutien à Ghislain Dominé est une évidence.

    Bruno Modica – Président des Clionautes