Laurent Tixier, fondateur en 2004 du conservatoire national d’escrime ancienne, musicien, artiste , metteur en scène, bretteur , nous propose de montrer l’évolution au cours des siècles de cet art « très français » qui a donné naissance à l’escrime de compétition : l’escrime ancienne et l’art du duel .
Cette conférence est co-animée par deux bretteurs qui réalisent des démonstrations : Julien Pennane’ch et Ghislain Poiron.

Dans l’Antiquité les combats s’opèrent avec des armes tranchantes courtes à deux bords et des boucliers dont le poids s’allège au cours des siècles . Les combats et corps à corps se font avec des coups amples et théatrals .
Au Moyen-Age il s’agit de défoncer les armures et déstabiliser l’adversaire pour le mettre à terre plutôt que de le tuer. Les armes peuvent être des outils de ferme (faux..) . Les duels sont très nombreux, en particulier les ordalies ,duels judiciaires et l’Église tente de les réglementer.
Les armes s’allongent de plus en plus car la cavalerie devient un élément-clé  des batailles ; lances et carré-piquiers font jusqu’à 5 mètres  de long .

Avec François 1er de nouveaux bataillons sont formées et entraînées pour briser les charges de cavalerie. D’ailleurs sous le Premier Empire les charges de cavalerie françaises sont particulièrement redoutées car la cavalerie charge entre 50 et 20 mètres ce qui est particulièrement efficace.
Les duels restent très nombreux, de nouvelles armes (rapière ajourée) et de nouvelles techniques sont utilisées (duel à 2 armes)

Le duel entre Guy Chabot de Jarnac et François de Vivonne, seigneur de la Châtaigneraie illustre en 1547 le dernier grand duel judiciaire . Jarnac beaucoup plus frêle et plus petit que Vivonne , donc à priori sûr de sa défaite , s’entraîne auprès de maîtres italiens qui l’initie à la technique de la « feinte » … qui lui vaut la victoire .
Cette nouvelle façon de faire , qui privilégie la tactique , l’intelligence sur la force brute fait débat au sein de la noblesse :
C’est la fin de l’escrime médiévale .

Elle devient alors une véritable partition chorégraphique au XVIIème et XVIIIème siècle. Les duels déciment de plus en plus la noblesse (10000 morts en 25 ans) ce qui conduit à plusieurs édits d’interdiction .

Sous Henri IV, l’escrime devient une vraie science courtisane . Les « avant-duels «  se transforment en de longs saluts courtois et évoluent en fonction des époques ,de Louis XIII à Louis XV.
Un certain nombre de bottes secrètes sont utilisées et permettent de l’emporter . La fameuse « botte de Nevers » est une invention , une création spéciale pour Jean marais dans le film de cape et d’épée « le Bossu »en1959 .
Dans la réalité , les combats ne durent que quelques secondes et sont largement chorégraphiés et rallongés dans les œuvres cinématographiques et les spectacles historiques .

Après la Révolution, les duels eux aussi , se démocratisent, et ceux qui veulent en découdre , utilisent les « armes » des corporations (rabots, outils…).
Au XIX ème siècle, même si les duels sont bien moins nombreux , le développement de la presse crée de multiples conflits entre journalistes et écrivains …qui donc se provoquent encore en duel.

LAURENT TIXIER vient de sortir un nouveau livre , D’Ames en Lames.

Laurent Tixier Le site