Peter Jackson, professeur canadien à l’université du Pays de Galles, vient présenter, pour le Ministère des Armées, son dernier livre : La France face à la menace nazie (1933-1939). La conférence ne porte que sur un aspect du livre, à savoir l’état des informations que possédaient les Renseignements Généraux sur l’Allemagne.

La conférence, qui a duré moins de trente minutes, a mis en évidence quelques points saillants :

– Les rapports ne manquaient pas sur les projets à long terme des conquêtes hitlériennes, sur l’état de leurs forces militaires, sur les buts réels des politiques sociales et économiques en Allemagne, etc.

– Les rapports ont été cependant très largement ignorés par nos décideurs. C’est le ressenti de la majorité des mémoires d’officiers sur le sujet.

– Il y a une coupure dans les rapports des RG autour de 1938. Avant Munich, le ton est souvent catastrophiste et pessimiste pour la France. Après, la vision est plus réaliste et nuancée, avec la perception de déficience allemande dans l’armée de Terre et l’aviation. Les événements politiques déterminent les contenus. La conférence de Munich, à ce titre, ne doit plus être perçue comme un symbole du renoncement, mais comme un délai douloureux pour que l’armement français rattrape son retard. Il y a une mauvaise évaluation du rapport de force, notamment par rapport à l’allié britannique.

– La remilitarisation de la rive gauche du Rhin n’a pas influencé particulièrement les RG. A ce moment-là, l’armée française venait d’être réorganisée (1928-1929) et n’était pas en mesure de faire quoi que ce soit sans mobilisation.

– Dans les tours d’horizon stratégique effectués par les militaires et les diplomates, les préjugés sur l’armée russe ont souvent exclu l’URSS des anticipations françaises.