Portraits d’immigrés : situation et perception des migrants en France après la seconde guerre mondiale.

Un étranger n’est pas forcement un immigré et réciproquement.

Lionel Kesztenbaum (1) chargé de recherche à l’Institut national d’études démographiques (INED)(2) présentait avec beaucoup de talents, le vendredi 7 octobre à la Maison de Bégon (0) (dans les quartiers nord-est de Blois) l’ organisme de recherche, puis une histoire des méthodes de prospection de 1945 à nos jours. Il a rapidement présenté la fameuse et précieuse revue téléchargeable « Populations&société » (3). Il apportait une mise au point sur des difficultés d’observation des registres de population, des enquêtes rétrospectives ou prospectives, des recensements et des soldes inter censitaires. L’historien démographe s’est montré prudent surtout avec des enquêtes déclaratives… Cette remarquable conférence a apporté de nombreuses mises au point :

1 : Dans une France qui a tendance à se replier, les migrants à l’échelle internationale sont proportionnellement les moins nombreux. Les manières de percevoir les migrants ne correspondent pas aux réalités statistiques. Entre la durée des migrations, la périodicité, la migration volontaire ou contrainte, le chercheur a de quoi s’interroger. Par exemple bien distinguer flux et « stocks ». Il peut y a avoir des flux migratoires faibles mais un « stock » humain important.

2 : Un étranger n’est pas forcément un immigré. L’étranger est une personne résidant dans un pays sans en avoir la nationalité (critère politique). Un immigré, d’après le critère géographique, est une personne née à l’étranger et a donc forcément franchi une frontière. Des étrangers peuvent être nés dans le pays où ils résident (Des Coréens de la 3eme génération au Japon). Des immigrés peuvent être naturalisés.

3 : Les politiques de naturalisation oscillent entre le droit de sol (essentiellement pour des pays d’immigration) au droit du sang (pour des pays d’émigration). Deux « extremum » de politiques souvent complexes et variables dans le temps. Par exemple, en France, l’ordonnance du 19 octobre 1945 privilégie l’acquisition par la naissance et le mariage mais durcit la naturalisation. Celle 2 décembre 1945 évoque les droits des migrants mais cherche à les sélectionner. Enfin le statut de l’Algérie du 20 septembre 1947 mentionne « les Français Musulmans d’Algérie »…

Les enquêtes d’opinion des années 50, parfois paternalistes, mettaient par exemple comme critère d’assimilation l’accent sur la maîtrise de la langue française. Rien à voir avec les enquêtes MAFE (Migration Afrique Europe) de 2008. Les agents enquêteurs de l’INED rencontrent des personnes qui ont toujours vécu au Sénégal, des personnes qui ont vécu à l’étranger et qui sont aujourd’hui revenues au Sénégal et aussi d’autres personnes qui vivent actuellement en Europe. De quoi dépassionner et rationaliser les débats autours des mouvements migratoires.

(0) Maison de quartier Bégon https://www.maisondebegon.com/maisondebegon/accueil.html

QPV Quartier prioritaire de la politique de la ville.

http://www.ville.gouv.fr/?carte-des-quartiers-prioritaires,3823

Donc pas besoin de ticket d’entrée, il y a toujours de la place dans les conférences des jeunes chercheurs en périphérie de la ville. Pas de stress et possibilité de prolonger le débat.

(1) http://lionel_kesztenbaum.site.ined.fr/

INED — Bureau 614 133, boulevard Davout 75980 Paris cedex 20 Téléphone: 01 56 06 21 09 Fax: 01 56 06 21 94 email: lionel.kesztenbaum@ined.fr

(2) http://www.ined.fr/ – Institut de 250 personnes

(3) https://www.ined.fr/fr/publications/population-et-societes/ une mine des renseignements.

(4) AUTRES CONFÉRENCES À NE PAS RATER, PARFOIS SANS TICKET

http://www.ined.fr/fichier/s_rubrique/25637/flyer.programme.blois.2016.fr.pdf