Doctorante à l’université de Reims, Clotilde Bonfiglioli travaille sur les enjeux territoriaux des politiques linguistiques flamandes en périphérie de Bruxelles-Capitale. C’est toutefois sur le territoire belge dans la globalité que la conférencière avait souhaité interpeller le public venu nombreux au musée Pierre Noël en ce vendredi 30 septembre.

Prenant appui sur le chanteur Stromae et l’acteur Bouli Lanners, Clotilde Bonfiglioli ouvre son propos en expliquant que le débat ne peut pas se résumer à l’idée d’être flamand ou wallon. Vu de l’extérieur, peut-être mais côté belge, les choses ne sont pas aussi tranchées, de nombreux citoyens se reconnaissant des deux parties.

Sur le volet linguistique pourtant, la coupure apparaît nette au premier abord avec une communauté francophone au sud, une communauté néerlandophone au nord, une capitale bilingue sans oublier la petite communauté germanophone du sud-est.

C’est en creusant du côté de l’histoire que l’on peut se rendre compte de l’origine de cette frontière linguistique et de sa solidité actuelle.

La réponse tient surtout à la frustration de la Flandre d’avoir longuement été « opprimée » linguistiquement. Pourtant, originellement, le projet « diglossique » voulait la cohabitation des deux langues. C’est, encore une fois, le poids de l’histoire et des représentations (notamment celles véhiculées à l’école) qui explique les « glottophobies » et les « glottophagies » flamandes.

La date de 1898 s’affiche comme un tournant puisque c’est là que la reconnaissance du flamand comme seconde langue s’établit, ce qui, à nouveau, n’avait pas manqué de susciter des réactions négatives de la communauté francophone pensant avoir davantage œuvré pour l’indépendance du pays que ses voisins du nord.

Le protectionnisme culturel côté flamand s’explique donc par cette difficile conquête de la reconnaissance de la langue et il n’est pas excessif de parler de « crises antériorité » (Thual, 1995) dans ces conflits identitaires, chaque partie énonçant qu’elle « était là avant l’autre ».

Finalement, l’identité européenne ne peut-elle pas constituer une source de réconciliation ? La présence du drapeau en complément de celui du pays et de la communauté en atteste parfois.