Doctorante à l’université de Genève, Muriel Monnard travaille sur la dimension spatiale du vécu scolaire, à l’aide du concept de « ressource spatiale » et étudie les mobilités internes à un établissement scolaire. Les regroupements des élèves dans certains lieux sont révélateurs de leurs pratiques spatiales.

Le placement dans l’établissement s’appuie sur une certaine hiérarchie sociale, une séparation nette entre filles et garçons, entre élèves avancés dans le cursus et élèves plus jeunes, entre élèves à la personnalité forte ou plus effacée. Des hauts lieux se dessinent tout comme des espaces moins prisés, une configuration qui n’est d’ailleurs pas amenée à rester stable sur l’ensemble de l’année.

Les élèves sont experts de leurs lieux, de leur établissement, organisent et produisent de l’espace et grâce à un projet artistique sur les lieux de l’école, ils peuvent s’exprimer davantage sur leur vécu.

Pascal Clerc, maître de conférences HDR à l’ESPE de Lyon, évoque ensuite le lien entre la géographie académique et la géographie pratiquée avançant l’idée qu’il est tout à fait possible de partir des pratiques des élèves pour construire des concepts géographiques.

Il y a là des enjeux pédagogiques (comme le rappelait Jérôme Bruner, « une connaissance isolée est vouée à l’oubli » donc l’on apprend que ce que l’on peut relier à son expérience), des enjeux épistémologiques (l’homme est spatial et il faut prendre en compte sa spatialité) et des enjeux civiques (qu’est ce qu’agir en tant que citoyen?).
L’école apparaît chez les élèves comme un lieu de « vivre ensemble », un lieu du plaisir (on sort du métier d’élève), un lieu où il est possible de s’exprimer sur ses émotions et finalement sur ses apprentissages.

L’expérience d’un franchissement physique d’une coupure urbaine (quartier de la gare de Lyon) est convoqué en exemple permettant de saisir les pratiques des élèves et des étudiants (retour sous la forme de poèmes).

Journaliste intéressé par la géographie, Sylvain Allemand lance le débat avec quelques pistes : dans ce contexte, il n’est peut-être pas nécessaire de passer par de la vulgarisation car les élèves sont experts de leur discours et donc il n’est pas nécessaire de le retraduire ; la généralisation de ce travail à d’autres échelles (certains élèves peuvent se montrer experts d’autres pays, plus lointains, et il pourrait être intéressant de mettre à profit leurs connaissances) ; qu’en est-il du différentiel entre les élèves stables et ceux changeant souvent d’établissement, entre ceux à fort capital culturel et social ?