Le trai­te­ment réservé à l’histoire-géographie dans les pro­grammes sco­laires actuels vous satisfait-il ?

Non et pour au moins trois rai­sons. Premièrement, notre dis­ci­pline, qui a été mise à mal dans le cadre de la créa­tion des ESPE au niveau du pri­maire, doit occu­per une place cen­trale dans le pro­ces­sus de for­ma­tion du citoyen. Nous nous ins­cri­vons dans la droite ligne du col­loque sur l’Histoire orga­nisé en 1984 à Montpellier, c’est-à-dire de l’Histoire vue comme une dis­ci­pline scien­ti­fique et de for­ma­tion pédagogique.

Deuxièmement, les pro­grammes sco­laires ne sont pas satis­fai­sants. Ils ne sont pas établis à par­tir d’une concer­ta­tion ouverte. Ils sont élabo­rés en fonc­tion de modes qui dépendent soit de cha­pelles scien­ti­fiques, soit de rap­ports de force au sein de cou­rants uni­ver­si­taires, et d’interventions poli­tiques à fina­li­tés mémo­rielles. Par exemple, concer­nant la Grande Guerre, les pré­sen­ta­tions qui en sont faites intro­duisent la notion, com­plexe et dis­cu­tée, de « bru­ta­li­sa­tion » ainsi que le géno­cide armé­nien et la bataille de Verdun. Tout cela est un peu réducteur.

Enfin, la dif­fu­sion ver­ti­cale des pro­grammes nous pose un pro­blème : j’enseigne depuis 33 ans et je constate que l’Education natio­nale pro­cède tou­jours de la même façon. Une fois les pro­grammes arrê­tés, leur mise en œuvre est accom­pa­gnée de docu­ments de plus en plus injonc­tifs. Les pro­fes­seurs se sentent infan­ti­li­sés, ils ont le sen­ti­ment qu’on ne leur fait pas confiance. Résultat : beau­coup subissent cette situa­tion et n’y croient plus. On l’a vu en 2010 dans le cadre de la loi Chatel : lorsque la dis­ci­pline a été sup­pri­mée du bac S, la mobi­li­sa­tion a été très faible. Et nous aurions aimé voir les his­to­riens les plus média­tiques, uni­ver­si­taires et autres, à nos côtés dans cette affaire.

http://www.vousnousils.fr/2014/10/24/programmes-dhistoire-geographie-les-professeurs-se-sentent-infantilises-555792